lundi 12 décembre 2011

Le voyageur imprudent

  • D'où venons-nous ? Où étions-nous avant de naître à la conscience de ce monde ? Les religions parlent d'un paradis perdu. Son regret hante les hommes de toute race. Ce paradis perdu, je le nomme l'univers total. C'est l'univers qui ne limitent ni le Temps ni l'Espace. Il ne dispose pas de trois ou quatre dimensions, mais de toutes les dimensions. La lumière qui l'éclaire est composée, non de sept ou vingt, ou cent, mais de toutes les couleurs. Tout ce qui est, a été, ou sera, l'habite et aussi ce qui ne sera jamais. Rien ne s'y trouve formé, parce que toutes les formes y sont possibles. Il tient dans l'atome, et notre infini ne parvient pas à l'emplir. Pour l'âme qui participe à cet univers, l'avenir ni le passé n'existent, ni le près ni le loin. Tout lui est présence...
  • Imaginez maintenant, cette âme condamnée à la chute. Elle s'engage dans ce que nous appelons la vie, pour elle une sorte de couloir, de tunnel vertical, dont les murs matériels lui cachent jusqu'au souvenir du merveilleux séjour. Elle ne peut ni remonter, ni se déplacer à droite ou à gauche. Elle est inexorablement attirée vers la mort, vers le bas, vers l'autre extrémité du tunnel, qui débouche Dieu sait où, dans quelque effroyable enfer, ou dans le paradis retrouvé. Cette âme, c'est vous, c'est moi, pendant notre vie terrestre, nous qui tombons en chute libre dans le temps, comme un caillou échappés à la main de Dieu.
  • Les hommes ont toujours refusé l'appui de qui voulait les tirer de leur peine, et couru sur les traces de ceux qui les entraînaient au malheur.
  • Le temps, qu'est-ce que le temps ?
  • Qu'est-ce que le présent dans notre petit univers ? Pendant que je pense la phrase que je vais vous dire, elle fait partie de l'avenir. A mesure que je la prononce, elle tombe dans le passé. Le présent, est-ce le moment où je déguste cette merveilleuse liqueur ? Non ! Tant qu'elle n'a pas atteint mes lèvres, c'est l'avenir. Quand la sensation de son goût, de sa chaleur, qui m'emplit la bouche, quand ce plaisir atteint mon cerveau, il a déjà quitté mon palais. C'est le passé. L'avenir sombre dans le passé dès qu'il a cessé d'être futur. Le présent n'existe pas. Vouloir l'éterniser, c'était éterniser le néant.
  • L'histoire de notre temps nous le montre, toute invention peut-être utilisée plus facilement au malheur des hommes qu'à leur bonheur.
  • Il regarda le cadran d'une haute horloge dont le balancier de cuivre berçait le temps.
  • Qu'est ce que la mort de quelques milliers d'hommes, quand on travaille au bonheur de l'humanité entière ?
  • Le progrès matériel ne semblait pas leur avoir apporté la paix ni le bonheur. Le monde dépourvu de machines serait-il plus heureux ?
  • Chez un savant, l'esprit d'observation ne s'éteint jamais tout à fait, quelles que soient les circonstances.
  • Je pensais en même temps qu'il leur était plus aisé qu'à nous, leurs malheureux ancêtres, de mériter le Paradis. Pas de sexe, pas d'estomac. Il leur restait bien peu d'occasions de pécher.
  • Certains indices m'inclinent pourtant à croire que l'énergie nouvelle existe déjà de nos jours. Mais nous ignorons son existence et négligeons de la découvrir : la puissance de nos machines nous suffit.
  • Il n'y a plus de touriste au Me siècle, plus d'oisif, plus d'hommes qui profite égoïstement du travail des autres et passe son temps à son plaisir.
  • Un monde parfait ne saurait être construit du jour au lendemain.
  • C'est ce qui l'incline à supposer que l'énergie mentale aurait pu se cultiver de notre temps si l'électricité ne nous avait suffi.
  • Par l'eau ou par le feu, la terre récupère ce qu'elle a donné.
  • La plupart des hommes ne font pas autre chose que « gagner leur pain ». Et le pain pour lequel l'homme a sué, c'est, en définitive, la terre qui l'absorbe.
  • Le destin de chaque individu était peut-être susceptible de modifications, mais celui de l'humanité demeurait inexorable.
  • A force de bonté, de patience et d'amour, il est sans doute possible de sortir un homme, une femme, du marais d'ennui et de souffrance dans lequel nous pataugeons tous. Mais rien, personne, ne peut empêcher la multitude de se ruer vers sa fatalité.
  • Pourquoi cet absurde besoin de savoir ? Et si les hommes veulent être heureux, qu'ils se chargent eux-mêmes de leur bonheur !

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